Madame Carpentier :
Non. On voyait tout de même que c’était critique parce qu’il y avait un remue-ménage. Enfin, dans la rue, des soldats qui revenaient du front, de l’artillerie avec des canons plutôt à longue portée. Mais c’était encore assez en ordre. Vous savez, ce n’était pas la pagaille. On a toujours entendu le canon. C’était toujours à peu près la même chose.
Capitaine Georges Maurice :
… se sont rencontrés avec des sentiments divers. Mais il est bien certain que du côté anglais, l’heure était venue d’une décision très grave en ce qui concerne l’amour propre britannique, c’est qu’il fallait bien obtenir, à n’importe quel prix, le concours des réserves françaises qui étaient encore fort loin et qui risquaient d’arriver trop tard. Et la situation était même tellement grave qu’on n’était pas très sûrs d’y arriver.
Monsieur Jacques Boulen :
Et c’est ainsi donc, mon capitaine, que Français et Anglais se sont réunis autour de cette table. Et que s’est-t-il passé à ce moment-là ?
Capitaine Georges Maurice :
Oui, la table, c’est vraiment le centre d’événements. Car tous les personnages sont présents, tout près les uns des autres. Ils ont amené avec eux les pensées qui les ont travaillés pendant plusieurs jours et plus particulièrement dans cette journée. Et se trouvant, cette fois, face-à-face après des conciliabules dans les coins, ils ont fini par apercevoir la solution. Une pièce photocopiée ici, sur la table, indique, avec toutes les ratures, ce que monsieur Clémenceau a fini par rédiger c'est-à-dire la coordination accordée au général Foch. Et, en somme, l’obligation pour les deux généraux, Douglas et Pétain, de lui en référer chaque fois qu’il y a lieu. Et voilà que le dénouement se produit. Le chef va pouvoir disposer de toutes les réserves, les envoyer à ceux qui en ont besoin. Effectivement, après le repas qui a eu lieu aux 4 fils Aymon, Foch est monté dans sa voiture avec Weygand. Et instantanément, le commandement s’est exercé. Les ordres ont été changés. Et les résultats ont suivi puisqu’à la fin du mois, la bataille de la Somme était terminée.
Monsieur Jacques Boulen :
C’était donc la première minute du dernier quart d’heure. Si, à Doullens, on n’avait parlé encore que de coordination, ici, il faudra attendre le 3 avril pour que Foch se voie confier la direction générale des armées à Beauvais. Dès maintenant, le combat va changer d’âme. Pendant la journée du 26, les Allemands ont encore profité de