Repli/Offensive des Allemands Pargny-Nesle

repli Allemand sur la ligne Hindenburg, Mars-Avril 1917

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Offensive Allemande du printemps, Mars-Juillet 1918

Actions des passages à niveau de la Somme

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ANNALES DE LA GUERRE N° 76 : Roye, Chaulnes, Nesle, Noyon

Actualités françaises de la région et après la bataille de Noyon dans l’Avancée vers la victoire, Front occidental, août 1918

IwmSection Cinématographique de l'Armée Française- 25-08-1918 - Copyright IWM 508-76-2

Devant Roye (Somme, 27 août 1918), dans les tranchées reprises à l'ennemi, des soldats inspectent un poste de commandement où gisent des cadavres. Dans Roye, certaines rues sont encore obstruées par les décombres. A un carrefour, un soldat fait la circulation avec un fanion. La gare, bien que très endommagée, accueille un train transportant des soldats sapeurs sur des wagons plates-formes (1er septembre 1918).

Aux abords de la ville, une colonne de fantassins du 65e Bataillon de chasseurs arrive en renfort. A Chaulnes (Somme), des soldats achèvent de déblayer la route qu'empruntent déjà quelques camions. Nesle (Somme) et sa grand'place sont également en ruine. Près de Larbroye (Oise, 29 août 1918), dans un ravin, des spahis attendent l'ordre d'avancer. La voie ferrée de Lassigny (Oise, 29 août 1918) est jonchée de cadavres. A Noyon (Oise, 1er septembre 1918) des fumées d'incendie s'élèvent au-dessus des toits et dans la rue de Paris en ruine, quatre soldats portent un brancard où s'agite un blessé. De grands panneaux indiquent les zones minées et un soldat procède au désamorçage d'un obus. Dans les faubourgs, le Génie effectue des travaux de terrassement tandis que passe un blessé sur un brancard, avec en arrière-plan, les tours à demi ruinées de la cathédrale.
 

Picardie - La Grande Guerre en Picardie. 1914-2014

Le commandement unique à Doullens le 26 mars 1918

Évocation sur des photographies d'époque du commandement unique confié le 26 mars 1918 au Maréchal Foch. C'est à l'hôtel de ville de Doullens que les représentants civils et militaires anglais et français se sont réunis. Témoignage de deux femme Mlle Vasseur et Mme Carpentier qui avaient 16 ans à l'époque. Le capitaine G Maurice relate les conditions de la rencontre entre les français et les anglais qui ont dû composer compte tenu de la gravité de la situation sur le front.

Date de diffusion : 26 mars 1968 - Date d'événement : 26 mars 1918 - Source : ORTF (Collection: Picardie Actualités ) - Lieux : Doullens (Somme)

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rintemps 1918. La guerre entrait dans sa 4ème année. A Doullens situé à peine à 80 km du front, en plein secteur anglais, le printemps tardait à faire éclore les roses de Picardie tandis que là-bas, à l’est, le rouge du sang des hommes arrosait toujours la grasse terre de l’Aisne. Après la triste année de 1917, les Français et les alliés tenaient bon. Mais chez les Allemands, Von Ludendorff, définitivement libéré de l’hypothèque du front russe, fournissait ses armes, entraînait ses troupes, approvisionnait ses canons et préparait l’offensive. Les premières lignes alliées étaient devant La Fère, remontaient le canal de l’Oise, s’infléchissaient devant Saint-Quentin pour suivre, à 5 km à l’ouest, une ligne parallèle au canal de l'Escaut. Les premiers jours de mars avaient été relativement calmes. Mais le 21 mars, le jour même du printemps, c’était l’attaque allemande. Après une minutieuse préparation d’artillerie pendant laquelle, sur 90 km, 6200 canons, un tous les 10 m, pilonnaient les lignes britanniques. A 9 heures 40. L’ordre était donné. 200 000 feldgraus se ruent à l’assaut. Au soir du 21, l’attaque a piétiné sur le saillant de Cambrai mais le front est percé dans deux directions : celle de Péronne et celle de Ham. C’est Von Hutier, le vainqueur de Riga, qui a réussi la meilleure opération à la jonction des armées anglaises et françaises. Dans la journée du 22, les Allemands augmentent leur poussée sur l’ensemble du front. La troisième armée anglaise et la cinquième aussi sont en difficulté. Roisel, Vermand, Saint-Simon tombent ainsi que Tergnier. Le 23 au matin, Chauny, Ham, Monchy sont pris. Et les troupes de Von der Marwitz sont dans les faubourgs de Péronne. Haig appelle alors au secours et demande à Pétain de relever ses troupes au sud de la Somme. Mais les événements vont plus vite que la montée des réserves. Et dans la journée du 23, Péronne tombe. Et le front est crevé au sud de Ham et à l’ouest de Péronne. Von Ludendorff profite de l’aubaine. Le 23, à 16 heures, première rencontre de Pétain et de Gough à Dury, dans ce château qui, 2 ans auparavant, servait de quartier général à Foch. Hier, les Anglais réclamaient 3 divisions françaises de renfort. Aujourd'hui, il leur en faut 20. Et demain, il leur en faudra peut-être 30 pour couvrir Amiens. Pétain, voulant couvrir la Champagne, lui, hésite. L’accord entre les Français et les Anglais est en train de craquer. La politique du chacun pour soi se fait jour. A Paris, Foch demande à Clemenceau de créer un organisme directeur de la guerre. Et maintenant, toutes les minutes vont compter. Sur son carnet de route, le capitaine Georges Maurice a retrouvé les traces de la diffusion du communiqué de victoire que les Allemands publiaient le 23 mars.

Capitaine Georges Maurice :

Les troisième et cinquième armées anglaise et une partie des réserves franco-américaines amenées ont été battues sur le front Bapaume-Bouchavesnes derrière la Somme, entre Péronne et Ham comme sur Chauny. Ils ont été repoussés avec de lourdes pertes. L’armée du général Von Below a emporté d’assaut les hauteurs de Monchy. Et plus au sud, après des combats à Dancourt et Hénin, les corps des généraux Von Ludvitz, [inaudible] ont traversé la Somme en progressant vers l’ouest.

Monsieur Jacques Boulen :

Dans la journée du 24, le 5ème corps français qui doit se substituer au 3ème corps britannique est accroché sur la ligne Chauny-Guiscard. Les renforts français montent vers le nord et se jettent dans la bataille sans savoir où ils vont et sans même comprendre où ils sont. Le 24 au soir, nouvelle rencontre Pétain Haig à Dury. Le Français a reçu pour instruction de défendre la ligne Roye-Noyon seulement. La séparation entre les alliés est consommée aussi bien dans les esprits que sur le terrain. Le front est définitivement crevé. Bapaume, Epénancourt, Nesle sont aux mains de l’ennemi dès le 25 au matin. Dans la journée, Ludendorff ordonne à ses 3 généraux de continuer à foncer pour consommer la séparation des alliés. Dans la nuit, les Allemands prennent Albert et Noyon et sont devant Roye. La situation est désespérée le 26 au matin. Seul un miracle peut sauver les armées alliées. Les dirigeants civils et militaires se concertent, se rencontrent pour essayer de sauver ce qui peut l’être encore. Une nouvelle entrevue est prévue à Dury pour le 26 à midi. Mais Haig demande qu’elle ait lieu à Doullens. C’est ainsi donc que vers 11 heures, le square de l’Hôtel de ville et le théâtre de l’arrivée de tous les grands chefs alliés : le président Poincaré, Clemenceau, le ministre de l’armement Loucheur, les généraux Foch, Pétain, Weygand sont là à battre la semelle dans le froid en attendant que les Anglais réunis en conférence dans la salle du Conseil municipal veuillent les recevoir. Deux doullenaises, madame Carpentier et mademoiselle Vasseur se souviennent encore. Elles avaient 16 ans à l’époque.

Madame Carpentier :

Mon père était passé par l’Hôtel de ville en se promenant. Alors il avait découvert cette réunion vraiment extraordinaire. Alors il nous a demandé de venir voir.

Mademoiselle Vasseur :

On n’était pas au courant des événements.

Madame Carpentier :

Non. On voyait tout de même que c’était critique parce qu’il y avait un remue-ménage. Enfin, dans la rue, des soldats qui revenaient du front, de l’artillerie avec des canons plutôt à longue portée. Mais c’était encore assez en ordre. Vous savez, ce n’était pas la pagaille. On a toujours entendu le canon. C’était toujours à peu près la même chose.

Capitaine Georges Maurice :

… se sont rencontrés avec des sentiments divers. Mais il est bien certain que du côté anglais, l’heure était venue d’une décision très grave en ce qui concerne l’amour propre britannique, c’est qu’il fallait bien obtenir, à n’importe quel prix, le concours des réserves françaises qui étaient encore fort loin et qui risquaient d’arriver trop tard. Et la situation était même tellement grave qu’on n’était pas très sûrs d’y arriver.

Monsieur Jacques Boulen :

Et c’est ainsi donc, mon capitaine, que Français et Anglais se sont réunis autour de cette table. Et que s’est-t-il passé à ce moment-là ?

Capitaine Georges Maurice :

Oui, la table, c’est vraiment le centre d’événements. Car tous les personnages sont présents, tout près les uns des autres. Ils ont amené avec eux les pensées qui les ont travaillés pendant plusieurs jours et plus particulièrement dans cette journée. Et se trouvant, cette fois, face-à-face après des conciliabules dans les coins, ils ont fini par apercevoir la solution. Une pièce photocopiée ici, sur la table, indique, avec toutes les ratures, ce que monsieur Clémenceau a fini par rédiger c'est-à-dire la coordination accordée au général Foch. Et, en somme, l’obligation pour les deux généraux, Douglas et Pétain, de lui en référer chaque fois qu’il y a lieu. Et voilà que le dénouement se produit. Le chef va pouvoir disposer de toutes les réserves, les envoyer à ceux qui en ont besoin. Effectivement, après le repas qui a eu lieu aux 4 fils Aymon, Foch est monté dans sa voiture avec Weygand. Et instantanément, le commandement s’est exercé. Les ordres ont été changés. Et les résultats ont suivi puisqu’à la fin du mois, la bataille de la Somme était terminée.

Monsieur Jacques Boulen :

C’était donc la première minute du dernier quart d’heure. Si, à Doullens, on n’avait parlé encore que de coordination, ici, il faudra attendre le 3 avril pour que Foch se voie confier la direction générale des armées à Beauvais. Dès maintenant, le combat va changer d’âme. Pendant la journée du 26, les Allemands ont encore profité de

leurs avantages au nord et l’attaque dépasse Albert et fonce vers Doullens qui n’est plus qu’à 10 km du front. Au centre Von Below essaie sans succès de prendre Villers-Bretonneux pour foncer sur Amiens. Au sud, von Hutier réussit dans son entreprise car le 27 au soir, Montdidier va tomber. Mais Foch ne perd pas son temps. Son plan est simple. Il veut se battre partout. Et à force de « taper sur les Allemands » dit-il, il espère les battre. C’est d’ailleurs ce qu’il écrit à Pétain le 27 mars. « Il n’y a plus un mètre de sol de France à perdre. Il faut arrêter l’ennemi là où il est. Les troupes doivent tenir à tout prix

et durer sur place ». Et bien que la poussée allemande continue à se faire sentir en cette fin du mois de mars, bien que Moreuil soit tombé le 30, le front allemand se stabilise. Les Allemands comprennent maintenant. La force de défense de l’adversaire dépasse leur puissance offensive. Tout cela parce qu’un jour de printemps de 1918, Anglais et Français ont compris enfin qu’un seul devait les diriger tous. Le général Foch fut celui-là. Et c’est à Doullens que psychologiquement, le drame s’est dénoué. Et c’est aussi grâce à lui que Ludendorff n’aura jamais Amiens.

 

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